Journée européenne de l'obésité, pour lutter contre l'épidémieDe Christine COURCOL (AFP) – Il y a 18 heures
PARIS — La France va participer, pour la première fois cette année, à la journée européenne de l'obésité (21-22 mai), un problème devenu épidémique en Europe avec 150 millions d'adultes obèses, soit 20% de la population, et 15 millions d'enfants et d'adolescents (10%).
La prévalence de l'obésité a triplé dans un certain nombre de pays depuis les années 80, selon le Collectif national des associations d'obèses (CNAO), qui regroupe 27 associations de patients. 1,6 milliard d'adultes sont en excès de poids, dont 400 millions sont obèses.
Aux Etats-Unis, le tiers des personnes âgées de 20 ans et plus sont obèses, et un autre tiers est en surpoids.
En France, l'obésité concerne 14,5% de la population (presque 6,5 millions de personnes) contre 8,5% en 1997.
Chez les enfants, la progression est frappante, selon le Dr François-Marie Caron, président de l'Association française de pédiatrie ambulatoire : les enfants en surpoids représentaient 6% de leur classe d'âge à la fin des années 70, et 16% en 2000.
Entre 1 et 6 ans les enfants s'affinent, et un IMC (indice de masse corporelle, rapport du poids au carré de la taille) normal, à cet âge-là, est de 16, a-t-il rappelé devant la presse. S'il ne s'affine pas, "il faut dire aux parents qu'il ne va pas forcément s'affiner plus tard", a-t-il souligné.
La tendance en France semble légèrement s'améliorer, puisque les derniers chiffres publiés montrent chez l'enfant une stabilisation de la prévalence du surpoids et de l'obésité. En l'absence de politique nutritionnelle, le surpoids ou l'obésité augmentent, comme c'est le cas par exemple en Grande-Bretagne ou au Portugal, selon le Dr Caron.
Mais "rien n'est acquis, il faut redoubler d'efforts", a souligné le Pr Didier Houssin, directeur général de la santé, insistant sur "l'inégalité sociale et économique par rapport à l'obésité", que ce soit dans la prévention ou dans l'accès aux soins.
"Il y a un travail citoyen à faire sur des décennies, tout le monde a sa quote-part de responsabilité et son pouvoir de changer les choses", a renchéri Anne-Sophie Joly, présidente du CNAO.
Chez les adultes, la prévalence du surpoids est également stable, mais l'obésité a progressé d'environ 50% sur la période 2000-2009.
L'obésité est favorisée par un mode de vie, et aussi par des facteurs génétiques ou des dérèglements hormonaux ou glandulaires. Elle favorise nombre de pathologies : diabète, hypertension, sciatique, infertilité, et aussi certains cancers - chez l'homme, prostate, colon-rectum -, chez la femme, utérus, ovaires, sein, colon-rectum...
"Il faut la traiter quand l'obésité devient une maladie", a estimé le Pr Jean-Marc Chevallier, chirurgien viscéral à l'Hôpital européen Georges Pompidou. Efficace pour la perte de poids, la chirurgie l'est aussi sur les co-morbidités - elle réduirait de 90% les risques de diabète. Mais, dit-il, "la chirurgie seule ne peut rien".
Anne de Danne, à qui Nicolas Sarkozy a confié la présidence d'une commission pour la prévention de l'obésité, s'est réjouie d'un vrai "consensus dynamique" sur le sujet. "Une politique publique ambitieuse est absolument indispensable", a-t-elle dit. Elle a remis son rapport en décembre, et M. Sarkozy devrait annoncer prochainement les orientations retenues.
En attendant, et pour inciter à consommer mieux, le ministère de l'alimentation et de l'agriculture mène une action ciblée sur les jeunes, avec l'opération "un fruit pour la récré". A ce jour, 400.000 enfants sont concernés dans 1.800 établissements. Un projet de récupération d'invendus a été mis en place à destination des populations en difficulté.